La mémoire est un objet d’étude que les sciences humaines et sociales n’ont eu de cesse d’explorer à la faveur d’approches variées révélant sa nature éminemment labile. Considérée à la fois comme processus (anamnésis) et comme objet de ce processus (mnémè), elle s’avère difficile à saisir, car elle constitue une représentation présente d’un passé absent, donnant ainsi forme à un insaisissable. Dans la lignée des analyses de Freud, le philosophe Paul Ricœur insiste notamment sur ce qu’il nomme « la mémoire empêchée », qui se heurte aux résistances d’un traumatisme passé de sorte que, faute d’un travail de deuil, la remémoration intentionnelle se révèle impossible. Cette absence d’anamnèse, liée à l’incapacité de dire, n’empêche pourtant pas le surgissement de traces mnésiques dans le discours (lapsus, signifiants détournés) ou plus généralement dans la communication (actes manqués) qui, par contraste, dénotent l’existence du refoulé. Ainsi donc, face à cet empêchement dont l’indicible est tantôt la cause, tantôt l’effet, la mémoire continue d’agir selon des modes détournés.
Avec la publication de ce numéro, nous souhaitons définir et analyser ces stratégies formelles afin d’en explorer les manifestations dans les arts contemporains. S’il existe un art mémoriel ayant fait l’objet de nombreuses recherches, la question de la représentation du passé confrontée à l’indicible ouvre de nouvelles perspectives d’analyse qui interrogent la nature de cette mémoire empêchée.
Auteur(s) / Autrice(s)
Coordination du numéro :
David Crémaux-Bouche est normalien, agrégé d’espagnol, doctorant contractuel en littérature et civilisation de l’Espagne contemporaine à l’UGA. Il prépare une thèse sur la représentation et la mémoire de la violence politique de l’ETA dans le roman espagnol contemporain. Ses recherches portent sur la littérature basque et espagnole contemporaine et plus précisément sur le rapport des sociétés à leur passé.
Laurence Garino-Abel est maîtresse de conférences en littérature espagnole contemporaine à l’Université Grenoble Alpes, rattachée à l’équipe de recherches ILCEA4. Mots-clés des thématiques de recherche : rénovation romanesque - réalisme(s) - mémoire - subjectivité - intime.
Laurent Gallardo est maître de conférences en études hispaniques et catalanes à l’Université Grenoble Alpes et membre de l’ILCEA4. Ses travaux de recherches portent sur le théâtre espagnol et catalan contemporain, la traductologie et les études de genre.
Catherine Orsini-Saillet est professeure de littérature espagnole contemporaine. Ses travaux portent sur le rapport entre littérature, histoire et mémoire ainsi que sur le croisement texte/images. Elle est spécialiste de Rafael Chirbes et de Miguel Angel Hernandez.
La dimension interculturelle dans les médias numériques / Interkulturalität und digitale Medien im Spannungsfeld / The intercultural dimension in digital media
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